Cinq raisons méconnues de hausser la taxe sur les produits du tabac 

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​Certaines personnes affirment qu’une hausse de taxes sur le tabac entraînerait une augmentation de la contrebande. D’autres prétendent qu’une telle mesure pénaliserait surtout les plus démunis. Québec sans tabac déboulonne certains mythes et explique l’utilité de cet outil fiscal incontournable pour diminuer le tabagisme.

1. Cap vers une réduction du tabagisme à 10 % d’ici 2025

Dans le cadre de sa récente Politique gouvernementale de prévention en santé, le gouvernement du Québec s’est fixé l’objectif de réduire le taux de tabagisme à 10 % d’ici 2025. Il est actuellement à 18,4 %. Or, la taxation est un outil qui peut grandement faciliter l’atteinte de cette cible. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une hausse de 10 % du prix du tabac entraîne une baisse de 4 % de la consommation et jusqu'à 6 % chez les jeunes et les personnes défavorisées. Les taxes sur les produits du tabac diminuent le nombre de nouveaux fumeurs, encouragent ceux qui fument à cesser de fumer et réduisent la consommation chez ceux qui persistent tout de même à le faire.

2. Le Québec est la province où les taxes sont les plus basses au pays

Sur une cartouche de 200 cigarettes, le Québec impose une taxe de 29,80 $. Cette taxe n’a pas augmenté depuis 2014. En avril 2018, la majorité des provinces canadiennes avaient une taxe sur le tabac deux fois plus élevée que celle du Québec, tel qu’illustré dans le graphique ci-dessous :


3. L’augmentation des taxes sur les produits du tabac n’augmente pas la contrebande

Il est faux de prétendre que toute hausse de taxes sur les produits du tabac entraîne une augmentation de la contrebande. « La contrebande de cigarettes est passée du tiers du marché en 2009, à environ 15 % entre 2011 et 2015, à 12 % en 2016, malgré le fait que la taxe spécifique sur les produits du tabac ait augmenté durant cette période », a fait valoir la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT) dans son communiqué de presse du 27 mars 2018. En choisissant d’écarter ce moyen efficace pour lutter contre le tabagisme, le gouvernement favorise en fait les profits de l’industrie du tabac, selon la CQCT.

4. Le statu quo favorise les cigarettiers

Depuis 2014, les fabricants de tabac ont augmenté le prix de vente de gros de leurs produits de 4,60 $ par cartouche, ce qui leur a procuré 150 millions de dollars additionnels par année. Contrairement aux hausses de taxes qui se répercutent pareillement sur toutes les marques, l’industrie du tabac atténue l’impact des hausses sur le prix de vente, par exemple, en imposant la plus grande part des augmentations sur les marques dites « haut de gamme ». Ainsi, l’industrie augmente ses profits, tout en maintenant l’offre de cigarettes abordables aux populations les plus sensibles au prix, comme les populations défavorisées et les jeunes, note également la CQCT. Cette stratégie réduit la proportion de personnes parmi ces clientèles qui pourraient vouloir cesser de fumer suite à une augmentation de prix du tabac.

5. Les coûts en soins de santé attribuables au tabagisme sont beaucoup plus élevés que ce que rapportent les taxes sur les produits du tabac

En 2012, les coûts directs de soins de santé attribuables au tabagisme s’élevaient à près de 1,9 milliard au Québec et les coûts indirects (ex. : absentéisme, perte de productivité, etc.) s’élevaient à 642,1 millions. Les taxes sur les produits du tabac ont quant à elles rapporté quelque 850 millions de dollars cette même année. Notre société est donc largement

sur ce plan. « La décision du gouvernement de ne pas hausser la taxe sur le tabac, budget après budget, représente un cadeau de quelque 150 millions de dollars par année à l’industrie du tabac et une perte du même montant pour les contribuables », a déploré la CQCT, dans le même communiqué.

Cette situation va directement à l’encontre de la santé publique, ainsi que de ce que vise à atteindre Québec sans tabac!