L’industrie du tabac prétend veiller sur la santé des fumeurs. Est-ce que cela vous rappelle quelque chose? Avec sa nouvelle cigarette « sans fumée » iQOS, Phillip Morris International semble nous refaire le coup des cigarettes « légères », prétendument moins nocives pour la santé, alors que c’était tout le contraire.
L’iQOS, pour I Quit Ordinary Smoking, est un appareil électronique qui chauffe le tabac jusqu’à une température d’environ 350 oC, sans atteindre la température de combustion de 684 oC de la cigarette classique. Comme le tabac n’est pas brûlé, l’émission de produits chimiques est considérablement diminuée, prétend Philip Morris. Les études financées par le géant américain sur son produit avancent même que les composantes nuisibles pour la santé des fumeurs seraient réduites en moyenne de 90 % à 95 % avec l’iQOS.
Dans les faits, en l’absence de recul, on ignore les effets de ce produit à moyen et à long terme sur la santé de ses utilisateurs et celle de leur entourage. Une récente étude suisse indépendante infirme d’ailleurs les résultats avancés par le géant du tabac. Des chercheurs, de l’Institut de santé et au travail de la Policlinique universitaire (PMU) de Lausanne, ont découvert que l’iQOS relâcherait des composés toxiques également présents dans la fumée d’une cigarette classique. Ils ont noté la présence de composés organiques volatils (COV), d’hydrocarbures aromatiques polycycliques cancérigènes et de monoxyde de carbone dans la fumée d’iQOS.
Cette dernière étude a également trouvé des concentrations d’acroléine et d’acénaphtène, deux substances irritantes majeures de la fumée du tabac, équivalant respectivement à 82 % et à plus de 175 % de celles trouvées dans la cigarette traditionnelle. La cigarette iQOS est présentée comme une solution de rechange aux fumeurs. Comme la cigarette ordinaire, l’iQOS favorise la dépendance à la nicotine. La fumée de l’iQOS contient 84 % de la nicotine présente dans la fumée des cigarettes. Et, une fois allumée, il faut prendre de 10 à 15 bouffées en 6 minutes, ce qui en fait un produit au potentiel de dépendance élevé et un piège potentiel pour les jeunes et les non-fumeurs. L’étude lausannoise a été publiée le 22 mai dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) Internal Medecine.
Les cigarettiers ont plus d’une fois tenté de berner la population sur la toxicité de leurs produits. L’arrivée des filtres et des cigarettes douces ou légères il y a une quarantaine d’années en est un bel exemple. On s’est rendu compte par la suite que ces produits étaient encore plus nocifs que les cigarettes ordinaires. D’ailleurs, cette industrie ne bénéficie pas d’une grande crédibilité en matière de santé publique. Les fabricants de tabac ont menti pendant plus de 50 ans sur les impacts négatifs sur la santé de leurs produits, a signalé le juge Brian Riordan, de la Cour supérieure du Québec, en déclarant ceux-ci coupables d’avoir commercialisé un produit dangereux pour la santé, en mai 2015, dans le cadre du recours collectif CQTS-Blais.
De quoi se méfier…
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