Le 4 mars 2018, la 90e cérémonie des Oscars a récompensé les meilleurs artisans du cinéma. Cette année encore, cette grande célébration de l’industrie cinématographique hollywoodienne a été assombrie par la présence croissante du tabac à l’écran. Un phénomène très inquiétant qui a poussé la coalition californienne Smoke Free Movies à lancer la campagne #HelpOscarQuit.
Les adolescents particulièrement ciblés
Selon Smoke Free Movies, 86 % des films en lice comportent des scènes de tabagisme, ce qui représente une hausse de 60 % comparativement à 2015. Pire : les films nommés accessibles aux adolescents et où l’on fume sont deux fois plus nombreux qu’en 2017, soit 69 films, comparativement à 32 films. Les scènes de tabagisme sont plus nombreuses dans les films présentés aux Oscars que dans ceux présentés dans les cinémas en général. Au cours des quatre dernières années, 70 % des films en compétition comportaient des scènes de tabagisme, comparativement à 47 % de tous les films qui ont généré le plus de recettes aux États-Unis. Bien que les films cotés « R » (17 ans et plus) soient surreprésentés aux Oscars, à cause de leur production généralement indépendante, 55 % des films jugés appropriés pour les enfants comportent des scènes de tabagisme, comparativement à 34 % des films classifiés pour adolescents, en général.
Or, il s’agit d’une tactique particulièrement sournoise. Alors que la publicité sur le tabac est interdite dans de nombreux pays, le cinéma représente l’un des derniers canaux par lesquels des millions de jeunes sont exposés, sans restriction, à des images de tabagisme. Comme le spectateur n’est pas conscient de l’existence d’un commanditaire, il ne se méfie pas lorsque des acteurs ou actrices allument une cigarette. Par ailleurs, dans les films, on présente souvent une image attrayante et rebelle des fumeurs, ce qui renforce le caractère socialement acceptable du tabagisme chez les adolescents. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les films dans lesquels on consomme des produits du tabac ont incité des millions de jeunes dans le monde à commencer à fumer. Au Canada, on estime que 44 % des jeunes fumeurs auraient été initiés au tabagisme à cause d’une exposition fréquente à des produits du tabac dans les films.
Passer à l’action
Rappelons qu’au Québec, c’est la Régie du cinéma qui effectue le classement des films en fonction de la présence de scènes de violence et de sexe. Actuellement, il n’existe aucun règlement pour restreindre les images de consommation de tabac à l’écran. Entre-temps, 12 % des élèves du secondaire fument. Combien d’entre eux sont tombés dans ce piège à cause du tabac à l’écran? Selon vous, quel serait le meilleur moyen pour résoudre ce problème? Nous vous invitons à vous prononcer sur cette question sur la page Facebook Québec sans tabac ou sur Twitter.
Crédit photo: Smoke Free Movies