Interdiction des arômes : mobilisation des groupes en santé

Le 19 avril dernier, le ministre de la Santé Christian Dubé a annoncé un projet de règlement visant à interdire tous les arômes à l’exception du tabac dans les produits de vapotage. Ce projet, proposant également d’encadrer l’apparence des produits, vient répondre à un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années auprès des jeunes. La plus récente Enquête canadienne sur le tabac, l'alcool et les drogues chez les élèves (ECTADE) 2021-2022 démontre qu'au Québec, le vapotage continue à prendre de l'ampleur. Le taux d’utilisation des cigarettes électroniques chez les jeunes du secondaire est passé de 16% (en 2018-2019) à 19,5% en deux ans.

À la suite de l'annonce du projet de règlement le 19 avril, le ministre a invité l’ensemble de la population générale à participer à des consultations sur le projet de règlement relatif à la Loi concernant la lutte contre le tabagisme. Trois groupes en santé se sont mobilisés : la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, Cœur + AVC et le Conseil québécois sur le tabac et la santé. Tour d’horizon de leurs propositions.


L’appel à l’action de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac

Luttant depuis de nombreuses années pour l’interdiction des arômes dans les produits de vapotage, la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac invite toutes les organisations en santé, intervenants de la santé ou autres individus concernés à appuyer le projet de règlement afin d’en assurer l’adoption finale.

Pour ce faire, la Coalition recommande aux organisations en santé de remettre un mémoire. Elle met d’ailleurs à leur disposition un mémoire type.

Autre outil disponible sur son site Web, un courriel prérédigé reprenant les arguments en faveur des mesures proposées par le ministre, que les intervenants en santé et autres individus concernés peuvent directement remplir et envoyer en ligne. Il peut également être directement envoyé au courriel DGSP-vapotage@msss.gouv.qc.ca (cc : Christian.Dube.LAPR@assnat.qc.ca)), La Coalition invite également les signataires à lui envoyer une copie à coalition@cqct.qc.ca.

L’organisme rappelle que les saveurs sont l’une des principales raisons d’initiation et d’usage des jeunes, et qu’il est nécessaire et urgent de protéger les jeunes contre les pratiques de marketing de l’industrie du vapotage. En ce sens, l’interdiction des saveurs et la réglementation de l’apparence des produits auront un impact majeur sur l’usage de la vapoteuse chez les jeunes.



Protégez nos jeunes : la plateforme de mobilisation de Cœur + AVC

Autre voie luttant pour l’interdiction des arômes, Cœur + AVC a créé une plateforme de mobilisation en faveur du règlement de vapotage. Sur la page Web, l’organisme rappelle que le phénomène du vapotage est fortement répandu chez les jeunes, et notamment chez les adolescents, où plus du quart des adolescents de 4e et 5e secondaire et 13% des jeunes de 12 à 24 ans qui vapotent au Québec.

La plateforme, qui appuie le projet de règlement du ministre, rappelle aussi que 5 provinces et territoires canadiens ont déjà adopté l’interdiction des arômes dans les produits de vapotage.

Cœur + AVC met à disposition une lettre pré écrite, que la population est invitée à signer à l’aide de seulement quatre champs. Celui-ci sera acheminé au ministère de la Santé du Québec.


Un mémoire pour rendre le vapotage moins attrayant pour les jeunes

Troisième organisme réclamant depuis des années une réglementation stricte du vapotage par l’entremise de l’interdiction de tous les arômes dans les produits de vapotage, le Conseil québécois sur le tabac et la santé dépose quant à lui dans le cadre des consultations un mémoire visant à rendre le vapotage moins attrayant pour les jeunes.

Pour justifier la nécessité et l’urgence de l’adoption de ce projet de règlement, le CQTS met entre autres en avant l’expertise du terrain dont il dispose, par le biais de son équipe en prévention qui accompagne une centaine d’écoles partout au Québec dans le cadre de son Plan génération sans fumée. Il rappelle également que dans la dernière année scolaire, il a reçu 16 demandes de la part de personnel scolaire œuvrant dans les écoles primaires, faisant état de problèmes de consommation et ne sachant pas comment intervenir.

L’organisme rappelle que le phénomène du vapotage est soutenu par diverses caractéristiques (arômes, design attrayant etc.) conçues pour cibler un public toujours plus jeune et que les mesures proposées par le ministre auront un impact concret et majeur sur la consommation des jeunes.

Il juge également impératif d’interdire l’ensemble des arômes et notamment la menthe et le menthol, puisque ces saveurs sont parmi les plus populaires auprès des jeunes, derrières les fruits.

Le mémoire déposé par le CQTS mentionne également que contrairement à ce que prétend l’industrie, l’interdiction des arômes ne fait pas augmenter le tabagisme, comme le démontre la situation en Nouvelle-Écosse.