Kiwi, mangue, fruits rouges ou menthe : les nombreuses saveurs dans les produits de vapotage seront bientôt de l’histoire ancienne. C’est ce qu’a annoncé le gouvernement ce 19 avril dans un projet de règlement publié dans la Gazette officielle. Réclamée depuis de nombreuses années par les différents groupes en santé, cette mesure, qui devrait être effective dans 90 jours, devrait avoir un impact majeur sur la consommation des produits chez les jeunes, alors que la crise du vapotage touche particulièrement cette tranche de la population.
Dans le même projet de règlement, le gouvernement a également annoncé son ambition d’encadrer l’apparence des produits de vapotage afin de supprimer les formes, apparences ou fonctions qui pourraient les rendre attrayants pour les mineurs.
L’interdiction des arômes pour freiner la crise chez les jeunes
Le projet de règlement du gouvernement répond à la crise du vapotage qui touche les jeunes Québécois depuis plusieurs années.
Selon l’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, entre 2013 et 2019, la proportion d’adolescents québécois qui ont vapoté au cours des 30 derniers jours a quintuplé, passant de 4 % à 21 %. En 5e secondaire, il s’agit de plus d’un élève sur trois.
De récents échos du terrain ont par ailleurs fait état de consommation de produits de vapotage chez les élèves du primaire.
En ce sens, l’interdiction des arômes devrait avoir un impact positif sur la consommation des jeunes puisque les saveurs exotiques constituent l’une des propriétés qui rendent les produits de vapotage attrayants auprès des jeunes.
En effet, un sondage réalisé par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC en 2021 révélait que 45 % des jeunes et jeunes adultes qui vapotent affirmaient qu'ils arrêteraient de vapoter si les produits aromatisés n'étaient plus disponibles.
« Le projet de règlement d’interdire tous les arômes est une mesure essentielle à la lutte contre la dépendance à la nicotine. C’est une mesure concrète et courageuse et nous remercions le ministre de la Santé Monsieur Christian Dubé d’agir concrètement contre le fléau du vapotage pour protéger les jeunes. » s’est réjouie Annie Papageorgiou, directrice générale du CQTS, par communiqué de presse.
Même joie du côté de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac. « Ce projet de règlement s’est fait longuement attendre et sa publication, au moment même où l’industrie met sur le marché une nouvelle génération de dispositifs, est une excellente nouvelle pour la santé des jeunes » a commenté Flory Doucas, porte-parole de la Coalition, par voie de communiqué.
L’encadrement de l’apparence des produits de vapotage, qui fait aussi partie du projet de règlement annoncé ce 19 avril, devrait également aller en ce sens. Le gouvernement précise qu’il deviendra illégal que les produits de vapotage prennent « la forme d’un jouet, d’un bijou, d’un aliment, d’un animal ou d’un personnage réel ou fictif ou toute autre forme, apparence ou fonction qui peuvent être attrayantes pour les mineurs ».
Éloigner les jeunes de la cigarette
Par ailleurs, en plus de freiner la consommation des jeunes ainsi que leur initiation, l’interdiction des arômes devrait les éloigner de la cigarette puisqu’on sait que vapoter multiplie par quatre le risque de commencer à fumer. Le vapotage a des conséquences importantes sur la santé et peut notamment entraîner une dépendance à la nicotine.
Pour rappel, l’interdiction totale des arômes dans les cigarettes est seulement effective au niveau fédéral depuis 2018. Il avait fallu près d’une décennie pour étendre l’interdiction à tous les arômes, incluant la menthe et le menthol, alors qu’elle avait été instaurée en 2010. Quant au Québec, il avait pour sa part interdit les deux saveurs dès 2016, soit deux ans avant le fédéral.