Depuis le 31 octobre, les dizaines d’arômes jusqu’alors disponibles dans les produits de vapotage sont interdits à la vente, selon la nouvelle règlementation de la Loi concernant la lutte contre le tabagisme, afin de protéger les jeunes. Bien que le marketing attrayant des produits de vapotage attire les jeunes, l’industrie du vapotage a d’abord présenté la vapoteuse comme étant un outil de cessation tabagique pour les adultes fumeurs. Comment réagissent-ils et comprennent-ils l’intention derrière la mise en application de cette Loi? Québec sans tabac est allé poser la question à deux d’entre eux.
« L’interdiction des arômes dans la vapoteuse est une excellente nouvelle pour les jeunes parce que c’est clairement un incitatif pour eux. Si les saveurs fruitées m’attirent alors que je suis une adulte assez construite, c’est sûr que ça attire des jeunes en plein développement » lance Jasmine, 35 ans, fumeuse depuis son adolescence.
La jeune femme, intervenante auprès de jeunes, a commencé à vapoter il y a 5 ans. « Quand je suis passée à la vapoteuse, c’était pour diminuer progressivement la cigarette, que je fume depuis mon adolescence jusqu’à arrêt complet. Évidemment, ça ne s'est pas passé comme prévu. »
Un « échec » qui lui laisse un goût amer, notamment vis-à-vis de l’industrie du vapotage, puisqu’elle n’a pas réussi à arrêter de fumer mais qu’elle continue à vapoter. « J’aimerais être capable de passer outre, j'aurais cru que ça aurait été par le passage de la vapoteuse. C'est un échec sur la présentation qui a été faite en l’introduisant comme un produit qui peut aider à arrêter de fumer alors que finalement, c’est un produit qui fait en sorte que tu consommeras possiblement plus de nicotine. À cause des saveurs, on se rend moins compte qu'on consomme quasi plus. » La consommation de cigarettes traditionnelle jumelée à celle des produits de vapotage n’est par ailleurs pas recommandée. Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies, le double usage n’est pas un moyen efficace de préserver la santé.
Du côté de Charlie, 23 ans et encore aux études, le contexte est différent. La jeune femme, influencée par l’effet de groupe, a fumé un temps la cigarette avant de découvrir la vapoteuse par le biais d’amis. « Je vapote de manière occasionnelle, lorsque je consomme de l’alcool ou lorsque je sors en groupe. J’ai fini par m’habituer aux saveurs qui goûtent bon et qui m’ont attirées, définitivement. »
Comme Jasmine, Charlie est consciente de l’attrait des saveurs pour les jeunes. Elle confie d’ailleurs que si les vapoteuses avaient été populaires lorsqu’elle était adolescente, le piège de la dépendance se serait probablement refermé sur elle. « Les jeunes ont accès beaucoup trop facilement aux vapes, c’est rendu comme des bonbons pour eux. C’est tellement sucré, si j’avais été ado, j’aurais capoté. »
Les arômes constituant la raison principale de sa consommation de produits de vapotage, quelle va être sa réaction lors de leur interdiction? « D’après moi, je vais tout simplement arrêter de vaper. La cigarette ne m’intéresse pas du tout, et si ça ne goûte plus bon, je ne vois pas la pertinence de continuer à vaper une saveur tabac ou sans tabac. » Le cas de Charlie est parlant et réaffirme la pertinence du règlement. En effet, selon un sondage réalisé par la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC (2021), 45 % des jeunes et jeunes adultes qui vapotent affirment qu'ils arrêteraient de vapoter si les produits aromatisés n'étaient plus disponibles.
Alors, quel impact sur la consommation des jeunes et jeunes adultes? Réponse très vite et notamment sur Québec sans tabac, où vous pourrez suivre la mise en application du règlement ces prochains mois. En attendant, (re)découvrez les réactions des jeunes vapoteurs et des intervenants face à l’interdiction des saveurs.